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Les fonctions exécutives et les « bugs » du quotidien

Sans faire un cours aussi poussé que Barkley pourrait donner sur les fonctions exécutives, voici une sélection des fonctions exécutives qui sont souvent les plus impactées par le TDAH

Découvrir qu’on a un TDAH à l’âge adulte, c’est une redéfinition de soi. Au début, c’est difficile de l’accepter, car on ne veut pas être la personne qui cherche des excuses à son côté brouillon, désorganisé, tête en l’air. Puis ça remet en perspective toute sa vie, ça donne du sens à beaucoup de choses. Et quand on commence à se faire à l’idée qu’on cohabite avec son TDAH depuis plusieurs décennies, c’est alors de se faire reconnaître par les autres qui devient difficile. Car oncle John aussi perdait tout le temps ses clés, à l’époque de Mamie, on ne parlait pas de TDAH et d’après le collègue, on serait tous un peu TDAH, non?

La conscience de soi

Selon Barkley, la conscience de soi est la 1ère des fonctions exécutives. On peut la considérer comme la pierre angulaire qui permet de conscientiser et d’observer son propre fonctionnement et processus de pensée. Elle concerne l’ensemble des états internes et externes de l’individu, y compris ses motivations, désirs et actions.

La conscience de soi est une fonction indispensable au développement de l’autorégulation, car il est impossible de se réguler dans ses pensées et actions si on n’a pas conscience de ce qui est en train de se passer pour soi. Il est donc impossible de se contrôler si l’on n’a pas conscience de soi. Même lorsque nous sommes dans une routine, nous devons être capable de porter un regard sur cette routine pour évaluer si elle reste pertinente, ou pour nous adapter si des changements extérieurs apparaissent.

L’inhibition

La capacité d’inhibition permet de modifier ou d’arrêter les flux d’actions en cours en fonction des informations transmises par la conscience de soi. Il y a donc une évaluation de l’efficacité ou de la pertinence de l’activité en cours, puis une inhibition de ladite activité si elle parait peu efficace ou efficiente.

L’inhibition permet également de mettre en attente une action, le temps que la situation soit propice à la mise en marche de cette action, en fonction généralement des stimuli extérieurs qui ont été traités par la conscience de soi.

La capacité d’inhibition est indispensable pour faire face à de nouvelles situations, car elle permet de donner le temps à la conscience de soi d’examiner les options possibles et de déterminer s’il est pertinent d’agir et, si c’est le cas, quand et comment. Cela permet d’être proactif plutôt que réactif aux différentes situations.

La mémoire de travail

La mémoire de travail a été définie comme la capacité de garder à l’esprit des informations qui sont utilisées pour guider le comportement ultérieur. C’est également la capacité de retenir des informations en mémoire tout en effectuant des tâches complexes. Elle intègre la capacité de puiser dans l’apprentissage ou l’expérience passée pour l’appliquer à la situation présente ou pour se projeter dans le futur. C’est donc une fonction rétrospective temporelle.

C’est une fonction cognitive qui permet de se projeter dans le futur en se basant sur ce qu’on a vécu, de faire converger ses propres intérêts avec ceux des autres pour évoluer au mieux dans une collectivité, de pouvoir temporiser ses choix actuels dans le but de viser des objectifs plus éloignés temporellement. C’est aussi ce qui permet d’avoir un discours argumentatif, en se souvenant des propos de l’autre pour y confronter ses propres arguments en lien avec ses connaissances acquises, ses valeurs et ses ressentis. Et c’est le fait de se rappeler de « petits détails » concernant les gens qu’on aime pour leur prouver à quel point ils sont importants.

La gestion des émotions

Les émotions sont des changements à court terme dans notre évaluation des événements. Elles se reflètent dans les altérations de l’excitation physiologique, les perceptions du renforcement-punition et, par conséquent, le comportement d’approche-évitement. Elles vont donc influencer notre état physique, la perception qu’on a de notre environnement et nos réactions face à cet environnement. Elles sont également associées à la mesure dans laquelle les individus augmentent ou diminuent leurs actions vers les objectifs. L’autorégulation émotionnelle fait appel à des fonctions exécutives telles que la conscience de soi et l’inhibition.

La gestion des émotions détermine donc l’intensité des réactions que l’on a, ainsi que nos choix, à partir de la perception de ce qui a été vécu. Ce qui va impacter nos relations, notre motivation à atteindre nos objectifs et nos choix futurs.

La flexibilité cognitive

La flexibilité cognitive est la capacité de traiter l’ensembles de réponses envisageables ou proposées, la capacité d’apprendre de ses erreurs, la capacité de concevoir des stratégies alternatives. Elle permet de diviser l’attention et de traiter plusieurs sources d’information simultanément. On a constaté que les personnes qui ont des difficultés de flexibilité cognitive ont souvent également un faible contrôle émotionnel. Leur manque de flexibilité les amène souvent à devenir en colère ou anxieuses lorsqu’elles sont confrontées à un événement auquel elles ne s’attendaient pas.

La flexibilité cognitive permet donc de changer d’idée en cours de route, d’intégrer un avis extérieur pour modifier la direction choisie ou le raisonnement mené, de modifier sa réponse à une même situation, de s’adapter à une modification dans ce qui était prévu au préalable.

L’activation

L’activation est la motivation et l’initiative pour entreprendre une tâche. Elle permet de commencer des projets, d’entreprendre des tâches de manière autonome ou d’organiser le travail à faire. Elle participe également au maintien de l’attention sur des tâches non intéressantes, à la planification et à l’organisation de tâches.

C’est ce qui se permet de se mettre à l’action, quel que soit le niveau de motivation ou d’urgence lié à la tâche, et de maintenir son effort durant la réalisation de la tâche. L’activation et la motivation peuvent être des fonctions fortement liées, étant donné que le motivation va donner envie de passer à l’action, vu que c’est une tâche qui apporte un bénéficie directe.

La planification

La planification permet de passer à l’action de manière efficace. Elle s’appuie sur des éléments connus, souvent déjà expérimentés, pour évaluer la marche à suivre la plus pertinente et efficiente en fonction du contexte. Elle structure la tâche pour qu’elle soit réalisée dans un ordre séquentiel logique afin d’atteindre l’objectif final.

C’est une fonction temporellement prospective qui fait office de résolution de problème à moyen-long terme. La planification permet une prise de décision mise en action, qui peut être réévaluée selon le niveau de conscience de soi et de flexibilité cognitive. Elle permet donc de passer de l’état actuel à l’état désiré, en suivant un ordre précis d’étapes séquentielles.

La motivation (pas une « vraie » FE)

La motivation est en lien avec nos désirs, elle est donc fortement corrélée à nos émotions. La motivation découle d’une estimation positive des résultats attendus, en lien avec une tâche réalisée. « L’horizon motivationnel » va dépendre de la capacité de la personne à se projeter dans un avenir plus ou moins éloigné temporellement. Elle peut également être corrélée au souvenir plus ou moins proche d’un état de satisfaction atteint lors d’une action plus ou moins similaire. Le rappel de cette satisfaction va donc pouvoir être rattaché à l’objectif futur et impacté positivement l’état de motivation.

La motivation est donc la volonté nécessaire pour soutenir des actions auto-gérées. Elle nous permet de nous mettre en mouvement afin d’aller vers un objectif préalablement défini, en nous projetant sur l’émotion positive que cet objectif nous apportera une fois atteint.

A noter que la motivation n’est généralement pas considérée comme une fonction exécutive directement, mais qu’elle est très fortement corrélée avec les différentes fonctions exécutives mentionnées ci-dessus et souvent très impactée par le TDAH.

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